Lancement du Booster du réemploi au MIPIM 2020

Par Cédric Borel | Publication : le septembre 17, 2020 à 17:15

Bas carbone : une trentaine de maîtres d’ouvrage engagent 150 chantiers dans la plus grande initiative collective en faveur du réemploi des matériaux.

  • Plus d’une trentaine de grands maîtres d’ouvrage lancent le “Booster du Réemploi”, une alliance d’une ampleur inédite en faveur du réemploi des matériaux dans le bâtiment. L’initiative, dont le nombre de membres est appelé à croître rapidement, rassemble des investisseurs (Agrica, Colliers, Covéa Immobilier, Gecina, Groupama Immobilier, Icade…), des promoteurs (Adim, Altarea, BNP Paribas Real Estate, Bouygues Immobilier, Ceetrus, Crédit Agricole Immobilier, Kaufman & Broad, Spie Batignolles Immobilier…), mais aussi des grands utilisateurs, qui ordonnent de nombreux chantiers (Engie, Orange…). Des contacts avancés sont également en cours avec des donneurs d’ordres publics (Ville de Paris, régions).
  • Les signataires vont engager 150 chantiers (5 par an chacun) à se fournir en matériaux de réemploi issus d’anciens bâtiments déconstruits. Parmi les premiers chantiers engagés : #Community (Bordeaux) ; Z5C (Saint Denis) ; 43-45 avenue d’Iéna (Paris) ; 92 Wagram (Paris) ; Ulteam (Paris) ; WP4 (Nanterre)… (voir communiqué de presse).  
  • Une plateforme en ligne conçue par Fabernovel permettra de centraliser et standardiser les besoins en matériaux de réemploi, aujourd’hui difficiles à identifier pour les fournisseurs : faux plancher, faux plafond, porte, luminaire, moquette, serrurerie, cloison, mobilier, menuiseries, plomberie…
  • Le Booster du réemploi accompagnera chaque projet pour faciliter les démarches, notamment en engageant les parties prenantes sur l’utilisation de matériaux de réemploi (AMO, maîtres d’œuvre, architectes, entreprises, conseils, bureaux de contrôle, BET…)
  • En structurant la demande, aujourd’hui timide et atomisée, le “Booster du Réemploi” est convaincu de pouvoir faire décoller le réemploi des matériaux, qui représente aujourd’hui moins de 1% des matériaux utilisés dans la construction. Cette demande sera nécessaire pour atteindre les différents objectifs de la stratégie nationale bas carbone.
  • La méthode du “Booster” consiste à engager un groupe pilote d’entreprises pionnières qui s’engagent à agir directement sur leurs propres projets, de les accompagner dans la création d’outils et standards et d’encourager le marché à le rejoindre, dans un cercle vertueux. Elle est pilotée par A4MT (Action pour la Transformation du Marché) et l’IFPEB qui l’applique avec succès depuis 5 ans pour – entre autres – aider l’immobilier tertiaire à réaliser les économies d’énergie prévues par la loi ELAN (- 40% d’ici 2030).
  • Le « Booster » se donne 3 ans pour transformer la manière de prescrire et arbitrer l’utilisation de matériaux réemploi dans les marchés de travaux. Cela passera par un travail en collaboration avec les « équipiers » et les « concepteurs » des chantiers : architectes, designers, bureaux d’études, bureaux de contrôle, gestionnaires techniques, entreprises et industriels engagés.

Contexte et chiffres clés

Le bâtiment produit 42 millions de tonnes de déchets par an, moins de 1% sont réemployés. L’industrie du BTP produit chaque année 42 millions de tonnes de déchets et gravats issus de la démolition ou de la déconstruction, soit trois fois plus que les ordures ménagères. Si une partie croissante de ces déchets sont recyclés, moins de 1% sont “réemployés”, c’est-à-dire réutilisés en étant pas ou très peu transformés. Pourtant, un très grand nombre de matériaux peuvent être réemployés après leur déconstruction, pour tous types de travaux.

Le réemploi des matériaux améliore significativement le bilan environnemental

Le recours à des matériaux provenant de bâtiments déconstruits, sans les transformer (ou très peu), a un impact très net sur le bilan environnemental des bâtiments. Pour 1000 m2 de surface, le réemploi permet d’économiser 44 tonnes de déchets et 67 tonnes d’équivalent CO2 (et plus d’1 million de litres d’eau). Des performances qui entrent dans les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone.

Le constat : l’offre de matériaux en réemploi est bien structurée… mais pas la demande.

Du côté de l’offre, de nombreux cureurs et entreprises de démolition / déconstruction proposent déjà des matériaux sur des plateformes de réemploi. C’est du côté de la demande que cela coince : la possibilité de recourir au réemploi est très rarement intégrée en amont, les maîtres d’œuvre n’ont souvent pas la flexibilité ni les ressources pour remplacer ensuite des matériaux neufs par du réemploi et les assurances ne savent pas comment le prendre en compte.

Si la nouvelle loi sur l’économie circulaire (février 2020) impose à la commande publique de « veiller au recours à des matériaux de réemploi », cette injonction n’a encore rien d’opérationnel et aucune obligation n’est encore prévue pour les acteurs du privé.

L’idée du “Booster du Réemploi” : massifier la demande et atteindre un effet de seuil.

Pour lever ces freins, une trentaine de grands maîtres d’ouvrage ont décidé de passer à l’action collectivement, pour rendre la demande lisible et prévisible. Chaque membre du “Booster” doit en effet engager immédiatement plusieurs projets dans l’initiative, pour regrouper la demande de matériaux de réemploi et la rendre visible sur une plateforme développée spécialement par Fabernovel, qui consolidera les besoins (typologie, lieu, délai d’approvisionnement…).

Téléchargez le communiqué de presse.