Quand les organisations se transcendent

Par Cédric Borel | Publication : le mars 6, 2020 à 15:00

Comment une organisation intègre-t-elle la valeur « transition bas carbone » ?

La transition énergétique et environnementale, comme tout changement, présente une difficulté d’appropriation des nouvelles pratiques par les individus et plus largement les organisations. Malgré la montée en puissance d’un cadre réglementaire environnemental de plus en plus contraignant, l’adhésion à de nouveaux codes dans une grande organisation est un processus long et souvent semé d’embûches, surtout pour ses promoteurs. Pourtant, dans la transition qui nous occupe, il est nécessaire pour avancer vite de dépasser les aspects techniques et réglementaires pour passer à l’adhésion, voire au désir !

Sur nos 6 années de pratiques de « Market Transformation », le projet SOCIOCUBE mené avec l’ADEME a été révélateur :  comment une organisation réussit-elle (ou pas ?) l’entrée dans un nouvelle culture de sobriété ? Là où l’injonction de la direction ne suffit plus ? Là ou des promoteurs d’idées isolés peuvent être ignorés ?

En travaillant avec organisations candidates au concours d’économies d’énergie CUBE 2020, nous avons quantifié et qualifié les interactions entre les individus d’un groupe afin de comprendre comment un groupe leader arrive à dépasser les blocages ou le jeu « à sommes nulles » qui empêchait d’avancer.

Car le fameux « gisement comportemental » n’est mobilisable qu’avec une modification d’ensemble de la norme sociale en place, souvent le vrai frein au changement.

SOCIOCUBE s’est attaché à décrire ce changement. Ce concours d’économies d’énergie inter-entreprises, ludique et valorisant, s’appuie sur l’empowerment[1] des individus comme facteur d’évolution des comportements. Il vise à évaluer et comprendre les mécanismes socio-organisationnels à l’œuvre lors d’un concours d’économies d’énergie au travers une étude menée par le sociologue Gaëtan Brisepierre et la psychosociologue Delphine Labbouz-Henry ont montré qu’un changement compris et généralisé des comportements humains est possible.

Les principaux enseignements de cette étude qualitative et quantitative (retrouvez la synthèse ici) permettent de qualifier dans quelle mesure il existe un « gisement comportemental » levier pour une gestion plus efficiente des bâtiments.

Dans la majorité des organisations, CUBE 2020 s’est illustré comme un « rite de passage » pour accélérer une transition déjà à l’œuvre mais dont l’adoption était souvent freinée par l’absence d’empowerment des individus et de communication entre eux. L’arrivée d’un nouveau mode de fonctionnement sous forme de concours réorganise le « système social » interne en accordant plus de place et de prestige aux acteurs de la gestion de l’énergie et du développement durable. Facile à mettre en place, le programme CUBE permet ainsi aux entreprises de faire avancer leur politique de développement durable et aux salariés engagés d’obtenir une nouvelle reconnaissance sociale et hiérarchique « verte ». Surtout, le concours met en évidence la complexité et l’interdépendance des facteurs agissant sur les économies d’énergie (techniques, réglementaires, humains). Les optimisations techniques nécessaires sont boostés par une bonne communication entraînant une prise de conscience des individus et leur volonté de faire toujours plus d’économies.

Cédric BOREL

A suivre : suite à cette étude fondamentale nous nous sommes intéressés aux transféreurs, ceux qui souhaitent aligner les valeurs de leurs organisations de travail sur les leurs, en transférant les bonnes pratiques de leur domicile au travail.

Retrouvez les transféreurs ici 


[1] Les acteurs des organisations sont alors considérés comme le moteur du changement et le concours vise à augmenter leur capacité d’action sur l’énergie.